Diane GUYOT DE ST MICHEL 

Texte de Pedro Morais, 2015
Dialogue, confrontation, négociation, conflit : les rapports de pouvoir sont au centre des recherches de Diane Guyot, intégrant le sens même de son engagement artistique. Disons le clairement : à rebours de la dissimulation des rapports hiérarchiques d'exploitation, son travail dynamite les discours trompe l'oeil qui refusent le conflit de points de vue et diminuent notre capacité d'agir. Il n'est donc pas étonnant qu'elle utilise le pouvoir du langage, énonçant clairement ses objets d'attaque et utilisant les codes visuels de l'affiche, du t-shirt, du slogan, du graffiti, de l'enseigne et du logo – des terrains de guerre culturelle. La guerre est d'ailleurs le sujet d'une intense recherche de la part de l'artiste (l'édition “Faiseurs d'Anges” de 2005) menée sur le terrain du langage (à l'image des noms de codes imagés des opérations militaires dans “Index War”). Le philosophe Antonio Gramsci avait signalé que les guerres se gagnent sur le terrain culturel et Diane Guyot s'intéresse à des formes spécifiques employées autant par les structures de pouvoir (les chorégraphies anti-émeutes, les systèmes de détection de visages) que par des stratégies de résistance (le design amateur, l'auto-gestion, les parloirs sauvages des prisons, les mouvements d'occupation des places publiques). C'est une guerre visible sur les murs d'une ville aussi, car l'enjeu est territorial : l'artiste détourne le répertoire visuel de la contestation populaire, à l'image d'une conquête du territoire menée avec des bannières criardes de catch mexicain où sont imprimés les portraits des hommes “sans visage” les plus riches de la planète. Qui plante son drapeau dans ce cas ? L'artiste joue du langage, transformant alors le logo de Bank Of America (BOA) en un étrange serpent, ou en pro- posant aux licenciés de l'usine de bières irlandaise Beamish à activer une brasserie coopérative “Be Amish”. Tout l'enjeu du travail de Diane Guyot est là, dans une ambiguïté qui lui permet d'être claire tout en rendant plus complexes les liens entre notre monde socio-économique et l'histoire culturelle.

Text by Pedro Morais, 2015
Dialogue, confrontation, negotiation, conflict: power games are the focus of Diane Guyot's research and the key to her artistic commitment. To put it bluntly her work, going directly counter to the concealment of exploitation's pecking orders, sabotages the fraudulent approach that rejects conflict between points of view and cuts down our capacity to act. It's hardly surprising, then, that she makes the most of the power of language, stating her targets clearly and resorting to the visual codes of poster, T-shirt, slogan, graffiti, advertising sign and logo – those battlegrounds of the culture wars. War, moreover, is a subject she has delved into deeply on the terrain of language; see her book Faiseurs d'Anges (Angel Makers, 2005) and her use of the vivid code names used for military operations in Index Wars. The philosopher Antonio Gramsci pointed out that wars were being won at cultural level; and Diane Guyot is interested in the specific methods used by power structures – riot-control choreography, facial recognition techniques – and by those who resist them: amateur design, worker control, illicit contact with prisoners, the "Occupy" movements. The war is visible on the walls of our cities, too, because the issue is territorial: Guyot hijacks the visual repertoire of popular protest, like someone leading a territorial conquest with garish Mexican wrestling banners overprinted with the portraits of the "faceless" richest men in the world. Who's planting his flag in this case? Guyot makes play with language, turning the Bank of America's BOA logo into a weird snake, or suggesting to the sacked workers from the Beamish brewery in Ireland that they should start a "Be Amish" cooperative venture. The whole point of her work is there, in an ambiguity that enables clarity even as she complexifies the links between our socio-economic world and cultural history.