Véronique RIZZO 

Véronique Rizzo appartient à cette famille d'artistes qui font recours au temps, non pas sous la forme d'une nostalgie, d'un mal du retour. Rien de l'ordre de la mélancolie dans son travail, qui, au contraire, semble décliner les formes d'un jeu, d'un plaisir, non sans ironie toutefois...Elle semble utiliser la temporalité comme matériau conceptuel.. La référence explicite, que fait l'artiste à l'utopiste Gusto Gräzer, un des fervents habitués du Monte Verita, au début du XXème siècle, fait briller, non sans contradiction, la présence spectrale d'une aventure de l'esprit dans l'un des plus formidables laboratoires de « re-formation » de la vie.. Se confronter à cette aventure (plus que s'y référer), quand on est artiste, outre la consonance moderniste des composants plastiques mis en jeu dans les oeuvres (peinture, assemblage, projections lumineuses de formes géométriques, en mouvement dans l'espace), c'est, principalement, « faire retour au temps ». dans le sens le plus tactile d'un choc perceptif, comme opérer un mouvement arrière sur le curseur temporel de l'histoire, générant, par contre-coup, tel un caillou jeté à la surface de l'eau, une série de formes qui se propagent et se transforment. Si la notion du « moderne », chez Baudelaire, témoigne d'une expérience « affective » du temps, dialectique entre mélancolie du passé et surprise du nouveau , la plasticité du temps dit « postmoderne » se fait, non pas, dans le hors temps d' une fin de l'histoire, mais par jeu de contre-coups temporels, de contre-temps tactiles, de micro-histoire(s) rebondissantes et génératrices de formes et de situations. Ce n'est pas la moindre qualité du travail plastique de Véronique Rizzo, que de nous inscrire, nous spectateurs, dans cette dynamique vertueuse des temps contraires.
Texte de Patrick Lhot (Enseignant histoire de l'art - Université Aix-Marseille1) à l'occasion du Colloque "Vertu des Contraires" et de l'exposition à la Fondation Vasarely le 23 nov. 2012.





Véronique Rizzo
Le travail de Véronique Rizzo s'appuie sur une connaissance approfondies des grands moments de histoire de l'art récente. Principalement tournée vers l'abstraction (des avant-gardes russes jusqu'à l'op art en passant par l'art concret ou le Bauhaus...) cette compréhension précise pose les bases d'une pratique qui redéfinie, se détache, contredit ou amplifie ces fondements théoriques.
Véronique Rizzo opère à l'aune des transformations du monde et des remises en cause, de l'échec ou des réussites des programmes idéologiques qui ont accompagnés les abstractions modernistes. Portant un regard tour à tour ironique ou partisan sur cette pensée formelle, elle puise son vocabulaire plastique dans ces géométries chargées de sens. Que ce soit les motifs de Vasarely dans sa vidéo Tilos, ceux de Jean Arp ou Pol Bury dans Gestalt, ils constituent le socle d'un art qui, à l'heure des techniques numériques, rejoue ces expérimentations visuelles, les animent et les mixent...
Car à l'image arrêtée de la peinture succède le mouvement de la vidéo, car à l'enfermement de la forme pure et autonome se substitue l'inclusion de motifs issus de la culture populaire. Génériques d'émissions de télévision ou de films des années 1960-70, BD, science-fiction, cultures urbaines, musiques électroniques, psychédélisme... Tout se rencontre et coïncide d'une manière ou d'une autre dans cette oeuvre de synthèse.
Et puisque les utopies sont tombées sous le feux de politiques trop rationnelles, puisque les formes cinétiques se sont fait rattraper par l'industrie de la communication de masse, de l'identité visuelle, de la permanence de l'image, alors Véronique Rizzo prend acte et joue le jeu du sensoriel et du sensationnel.
Les (installations) vidéos qu'elle réalise ont une charge vibratoire qui les placent invariablement du côté de l'expérience corporelle. Parfois oppressante (Panopticon XXX), résonnante (Tilos), narrative (Labyrinthe vert), ou hypnotique (Sun1), elles disent intensément la puissance émotionnelle de la forme. Si le travail de Véronique Rizzo peut être perçu comme une mise en question, il doit également être compris comme une affirmation, celle qui dit la validité du motif sur une réalité physique. C'est cette force opérante qui se donne à lire sans détour dans cette géométrie vivante et sensible.
Guillaume Mansart


Voir le texte de Lili Reynaud Dewar (+ English translation)

Voir le texte de Frédérique Verlinden

Voir l'entretien entre Pedro Morais et Véronique Rizzo (+ English translation)

Voir le texte de Véronique Rizzo (+ English translation)

Voir le texte de Jean-Louis Delbès (+ English translation)


Véronique Rizzo belongs to this family of artists who use time, not as a nostalgia, or a sore back. Nothing about melancholy in her work, which, however, appears to be declining forms of a game, of a pleasure, not without irony, however ... She seems to be using temporality as conceptual material. The artist refers explicitly to the utopian Gräzer Gusto, one of the regulars of Monte Verita, in the early twentieth century. This reference puts in light, not without contradiction, the spectral presence of a mind adventure in one of the most amazing laboratory of "reformation" of life. Confront this adventure (rather than refer to it), as an artist, besides the modernist sounding of plastic components brought into play in the works (painting, assembly, light projections of geometric shapes, moving in space) is mainly "to return to the time. In the broadest tactile sense of a perceptual shock, as operating a backward movement on the time cursor of history, generating, as a repercussion, like a stone thrown into the water surface, a series of forms spreading and evolving. If the notion of "modern", in Baudelaire's work, reflects an "emotional" experience of time, distinguishing between melancholy of the past and surprise of the new, the plasticity of the so-called "postmodern" time is happening, not in the off time of the end of a story, but by game of time consequence, of tactile hitches, of micro-stories bouncing and generating forms and situations. This is not the lesser quality of Véronique Rizzo's plastic work, to place us, we spectators, in this virtuous circle of opposite time.
Patrick Lhot
translation Matthieu Jorrot
Techniques et matériaux


infographie / computer graphics
techniques de l'image imprimée (multiples, sérigraphie, impression offset et numérique) / techniques of the printed image (multiples, silkscreen, offset and digital print)
techniques walldrawing, peintures industrielles / walldrawing techniques, industrial paints
techniques classiques de la peinture / classical painting techniques
Mots Index


espace / space
image / image
psychosensorialité / psychosensoriality
anticipation / anticipation
mémoire collective / collective memory
mémoire individuelle / individual memory
champs de références


Gilles Deleuze, Logique du sens
Raoul Vaneighem, Mouvement du libre esprit
Lewis Carrol
Little Nemo
Henri Lefebvre, La production de l'espace
Pierre Klossowski, Nietzsche et le Cercle vicieux
Gombrovitch
Antonin Artaud
Aldous Huxley, Les portes de la perception
Jean-Claude Forest, Barbarella
Patanjali
Jacques Tati, Playtime
Gérard de Nerval
La série T.V, Les voyageurs du temps
Alfred Hitchcock, Vertigo
Les bandes dessinées de science-fiction
Les génériques de séries et de films des années 60-70
repères artistiques


la culture des images en général, la peinture, l'architecture, le design et la bande dessinée / Culture of images in general, painting, architecture, design and comics
L'avant garde russe / The Russian avant-garde
Rodchenko, Exter, Popova...
L'art concret, Lygia Clark, Max Bill, Les Arp, Vera Molnar, Bruno Munari, H. Stazewski...
L'art cinétique
Blinky Palermo, Hans Peter Feldman, Ed Rusha
Les maniéristes
L'art fantastique
L'architecture moderniste, BrunoTaut, Erich Mendelsohn, O. Niemeyer, Mies van Rohe
Comics Marvel 70, Titans, Perry..